Les chiens de Pasvik

Olivier Truc

Anne-Marie Métailié

  • Conseillé par
    17 avril 2021

    C’est en Norvège, à Kirkenes qu’officie désormais Klemet, affublé d’un coéquipier finlandais, Nina ayant quitté la police des rennes. Autre pays, autre ville, mêmes problèmes. Frontalière de la Russie, la région se heurte à des problèmes de voisinage. Les rennes ne connaissent pas les frontières et vont allègrement brouter le lichen russe tandis que les chiens errants russes attaquent les troupeaux côté norvégien. La vallée de Pasvik pourrait devenir le théâtre d’un incident diplomatique d’envergure. Car si les bêtes font fi des frontières créées par les hommes, il en va de même pour les Samis qui aimeraient profiter des pâturages russes comme le faisaient leurs aïeux, avant que les guerres ne dessinent ses lignes imaginaires. C’est le cas de Piera Kyrö dont quarante bêtes sont passées à l’est, poussées par un instinct ancestral qui les fait rechercher le lichen blanc, celui-là même dont rêve Piera pour ses rennes. Alors qu’un député suédois et sami aimerait réunir en une même assemblée samis, scandinaves et russes, de l’autre côté de la frontière on voit une opportunité d’organiser des trafics et de s’enrichir. Pour Klemet, la tâche est rude. Il s’agit de récupérer les rennes, de se débarrasser des chiens et de ne pas froisser les sensibilités. Et si son coéquipier lui est insupportable, il peut à nouveau compter sur Nina qui, à sa grande surprise, a intégré le Commissariat des gardes-frontières.

    Curieuse enquête qui se déroule de nos jours sous Poutine mais n’aurait pas paru anachronique au temps de la guerre froide. Même défiance, même fibre patriotique, mêmes chicaneries bureaucratiques, mêmes soupçons d’espionnage.
    Une ambiance de méfiance, donc, des deux côtés de la frontière et la description d’une Russie peu attrayante, grise, polluée, pauvre et désespérée où règnent corruption et violence. Et un peuple sami à l’agonie, laminé par le communisme peu enclin à laisser pervertir l’homo sovieticus par des velléités d’indépendance culturelle. Ils ont pourtant survécu au goulag, aux kolkhozes, à la chute de l’URSS même s’ils se sont aculturés…
    Après la déception de La montagne rouge, Les chiens de Pasvik est un excellent tome, très documenté, très instructif. Le suspense n’est pas haletant mais les descriptions des paysages de la toundra russe sont magnifiques et on ne se lasse pas des questionnements de Klemet sur son identité sami ni de ses interactions problématiques avec Nina.
    On espère qu’Olivier Truc n’en a pas fini avec la police des rennes et ses deux héros.


  • Conseillé par
    30 mars 2021

    Vie de chien

    La quatrième enquête de « la police des rennes » démarre avec la traversée de la frontière norvégienne vers la Russie par des troupeaux de rennes en quête de nourriture, lesquels se font agressés par des hordes énigmatiques de chiens tueurs.
    Nina et Klemet sont mobilisés pour élucider ce mystère et doivent prendre en considération les enjeux diplomatiques de ce fait divers impliquant des douaniers, des éleveurs « sami », des politiciens, des mafieux et trafiquants.
    Autant de personnages que Olivier Truc plante dans ce décor somptueux et glacial de Laponie, d’une écriture rythmée par de courts chapitres. Nous découvrons un peuple attaché à son histoire et ses frontières via une enquête compliquée mais instructive.
    Pour ceux qui ont aimé les enquêtes précédentes ou qui sont tentés par l’ambiance Arctique ; vers une fin inattendue….. ou comment un destin bien ficelé peut-il faire volte-face ?.......