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Conseillé par Alex-Mot-à-Mots16 mai 2024
KGB
Je ne connaissais pas l’écrivain russe André Siniavski avant de lire ce livre. Il faut dire que je ne suis pas fan de littérature fantastique.
Mais André Siniavski n’écrivait pas n’importe quelle littérature fantastique : il écrivait celle qui ne pouvait être publiée en URSS du temps de Kroutchev. Il devait donc la faire passer en Occident sous le manteau.
Le récit commence lorsque le KGB perquisitionne l’appartement de l’écrivain, père de Iegor GRAN, l’écrivain.
J’ai aimé le lieutenant Ivanov qui fait son travail, même si parfois, il s’y perd un peu : Pasternak est-il ou non un ennemie du peuple ? C’est que souvent, la doctrine varie.
Car même si Ivanov a fait sup de K, il reste parfois perdu si il réfléchit aux ordres.
J’ai aimé l’humour : à propos de Gagarine et de son exploit : « C’est à croire que le surhomme est un peu neuneu. Il faut qu’il le soit pour accepter de se faire propulser dans une boîte de conserve chauffée à blanc. » (p.98)
A propos du shopping : « Ce n’est pas qu’on ne trouve jamais de chemises, de gants ou de cravates dans les magasins. Il y en a, en fonction des arrivages. Se les procurer au moment même où on en a besoin, aux bonnes tailles et en quantité voulue, confine au surnaturel, surtout en province. » (p.100)
J’ai aimé que Lenine soit perçu comme un dieu qui protège son peuple, même si il est mort depuis longtemps.
J’ai aimé découvrir que tout ce qui était solide et coloré (le papier peint, les meubles, les vélos…) venaient des pays satellites : la RDA, la Hongrie…
J’ai aimé les onomatopées pour désigner le crime d’état : « on le fait venir pour ensuite tsap ! tsarap ! » le tuer, quoi.
J’ai aimé la mère de Iegor, une femme qui ne se laisse pas démonter au moment de la fouille de l’appartement, ce qui déroute Ivanov.
J’ai aimé cette lecture qui m’a replongé au temps du KGB de Kroutchev avec humour.
L’image que je retiendrai :
Celle de la femme d’Ivanov qui ne veut pas, le soir autour du diner, que son mari lui raconte sa journée.