EAN13
9782252040027
Dimensions
23 x 15 x 0,7 cm
Poids
210 g

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Daniel-Henri PAGEAUX, Pensée religieuse et inspiration biblique dans les romans du Philippin José Rizal, RLC XC, n° 4, octobre-décembre 2016, p. 403-416.
José Rizal (1861-1896) est un des rares écrivains philippins de langue espagnole, auteur de deux romans : Noli me tangere (N'y touchez pas !) et El Filibusterismo (Révolution aux Philippines). Après le rappel de la trajectoire intellectuelle de J. Rizal, l'article s'attache au relevé des citations et allusions bibliques comme illustration d’une écriture fondée sur l’ironie, le détournement et la parodie, première étape pour cerner sa pensée religieuse et politique. L’anticléricalisme et l’anticolonialisme qui la caractérisent justifient qu’elle soit réexaminée à la lumière de la problématique postcoloniale.
Chloé ANGUÉ, Catéchismes et carillons dans les littératures polynésiennes d’aujourd’hui : des échos européens aux mélodies insulaires, RLC XC, n° 4, octobre-décembre 2016, p. 417-434.
À la fin du xvie siècle, des navigateurs mandatés par l’Espagne pour porter la parole de Dieu jusque dans les Mers du Sud révèlent la Polynésie à l’Europe. Rapidement suivis par des missionnaires qui évangélisent le Pacifique sud, les explorateurs gagnent cette immense région à l’époque des Lumières et leurs journaux de bord lancent la mode des métaphores paradisiaques appliquées aux îles tropicales. Nul ne peut donc être surpris que les écrivains originaires de ces archipels accordent une telle place au Livre et à sa diffusion à travers leur territoire. Le motif que constitue désormais l’évangélisation dans les littératures contemporaines de Polynésie révèle donc l’importance de la Bible et de son imaginaire pour l’engagement postcolonial océanien.
Dominique RANAIVOSON, La Bible dans le champ littéraire malgache, RLC XC, n° 4, octobre-décembre 2016, p. 435-455.
La Bible, traduite en malgache par les missionnaires anglais dans un royaume central devenu hégémonique au xixe (l’Imerina), devint la référence linguistique avant d’être la norme des croyants. De cette époque date une élite malgache à la fois sociale (noble), patriote, intellectuelle (lettrée) et chrétienne (protestante) qui fournit toujours au champ littéraire ses références. La littérature contemporaine, en malgache comme en français, est l’héritière de cet événement fondateur aussi bien que de la culture orale traditionnelle et, pour les francophones, des modèles occidentaux. Cette étude montre la façon dont la Bible circule comme modèle ou contre-modèle dans les littératures, et continue ainsi de structurer le champ littéraire malgache.
Pierre LEROUX, Entre profane et sacré, usages de la citation dans les œuvres de Dambudzo Marechera et Tchicaya U Tam’si, RLC XC, n°4, octobredécembre 2016, p. 456-468.
Les citations bibliques et l’imaginaire qui leur est associé occupent une place importante dans les littératures d’Afrique subsaharienne. Ce constat qui vaut tant pour l’espace francophone que pour les pays de langue anglaise trouve en partie son origine dans le travail effectué par les missionnaires pendant et après la période coloniale. Cependant, l’exemple du Zimbabwéen Dambudzo Marechera et du Congolais Tchicaya U Tam’si indique que, loin de constituer une imitation servile, cette reprise du Livre correspond le plus souvent à une appropriation marquée par la tension entre profane et sacré. Cet article se propose d’examiner le positionnement de l’auteur comme lecteur de la Bible, afin de mieux comprendre comment les citations bibliques — prises dans un réseau plus large de références — ouvrent sur une quête mystique qui redéfinit le statut du texte littéraire.
Odile GANNIER, Coumbite et paraclet, RLC XC, n° 4, octobre-décembre 2016, p. 469-488.
La littérature haïtienne s’inspire de thèmes bibliques, comme celles d’autres îles des Caraïbes. Cependant, l’indépendance obtenue dès 1804 détermine un autre rapport à la religion lorsqu’elle se conjugue avec la question postcoloniale. La Bible, certes présente, concurrence des croyances fortes comme celle du vaudou, elle-même ayant remplacé les croyances indiennes. Les références à la Bible sont fréquentes dans la littérature haïtienne, marquée par l’Exode et les prophéties messianistes. Elle vit aussi de l’espoir que le paraclet prodiguera ses bienfaits, adjuvant invisible qui donne aux personnages éprouvés l’énergie inespérée de l’action collective. Le texte biblique est rarement vilipendé, ni même parodié, dans la perspective d’une revendication postcoloniale : servant au contraire de référence symbolique aisément interprétable, il fait abjurer la soumission au dogme d’autrefois, voire renoncer à la consolation ; il devient l’arme de la théologie de la libération, qui impose de compter sur ses propres forces, celles que les Haïtiens, traditionnellement, déploient dans le coumbite communautaire. Aide-toi, le ciel t’aidera.
Sandra GONDOUIN, La figure d’Ève dans la poésie centre-américaine contemporaine, RLC XC, n° 4, octobre-décembre 2016, p. 489-502.
Dans la littérature centre-américaine, la tradition coloniale a doté le couple biblique primordial d’une symbolique forte, représentative de la domination patriarcale. Autour des figures d’Adam et Ève se sont cristallisées différentes conceptions des rapports homme / femme. Au cours du xxe siècle, la représentation d’Ève et de son rapport à Adam a considérablement évolué, en particulier à partir des années 70 et sous la plume des poétesses. Celles-ci ont dénoué depuis l’origine les liens symboliques et bibliques qui les entravaient. En remodelant la figure d’Ève pour modifier son destin et celui de ses descendantes, ces poétesses s’inscrivent pleinement dans le sillage de la littérature postcoloniale.Aurélia HETZEL, Noires, belles, et après ? Reines de Saba africaines, RLC XC, n° 4, octobre-décembre 2016, p. 503-524.
Si le mythe est variable, vivant, sans cesse réécrit, il est parfois pris à la lettre, exalté dans une pureté originelle dont on cherche les avatars, les descendants, au risque des nationalismes et des ségrégations raciales. Ainsi, la reine de Saba, figure symbolique de l’Afrique noire, est-elle chantée par les poètes de la négritude dans l’euphorie du panafricanisme. Or, au lendemain des Indépendances, que devient cette reine noire et belle ? Elle se débat dans la misère au Cameroun, se prostitue dans les bars d’Addis Abeba et tombe sous les machettes de l’armée rwandaise et des milices Interahamwe… Les textes de Calixthe Beyala, Tedbabe Telahoun et Scholastique Mukasonga interrogent le corps féminin colonisé dont la beauté aveugle plus encore que les soleils des indépendances.
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