Danses de guerre, Nouvelles

Sherman Alexie

Albin Michel

  • 24 février 2011

    Un recueil de nouvelles drôle et profond.

    Sherman Alexie ne nous offrent pas seulement des nouvelles qui sont déjà comme de petites pépites ciselées, son recueil comporte aussi des poèmes, ainsi que des réflexions décousues, dialogues fictifs :

    « Que pensez-vous de Dieu ?


    Je suis devant la fenêtre de ma cuisine, et je regarde trois corbeaux perchés sur le fil du téléphone. Je crois qu’ils racontent des conneries sur moi. » (p. 73)

    « Pourquoi les poètes s’imaginent-ils

    Qu’ils peuvent changer le monde ?

    La seule vie que je puisse sauver

    C’est la mienne. » (p.10)

    Un ensemble cohérent qui aborde les sujets chers à Sherman Alexie : l’identité raciale de ces amérindiens plongé dans un monde qui a voulu les exterminer, mais aussi des thèmes plus universels comme le mariage, la filiation, la solitude, la maladie et la mort.

    - Malgré ces sujets graves, le ton est drôle, acerbe et poétique à la fois. Entre les pages comme dans la vie, se glissent quelquefois des petits moments d’éternité :

    « Je n’avais pas chanté depuis des années, rien de tel en tout cas, mais je joignis ma voix à la sienne. Je savais que ce chant ne ramènerait pas les pieds de mon père. Ni ne réparerait sa vessie, ses reins, ses poumons et son cœur. Il ne l’empêcherait pas de vider une bouteille de vodka dès qu’il serait capable de s’asseoir dans son lit. Il ne vaincrait pas la mort. Non, songeais-je, ce chant est temporaire, mais en de pareilles circonstances, le temporaire suffit. Et c’était un bon chant. Nos voix résonnaient dans le couloir. Les malades et les bien- portants s’arrêtèrent pour écouter. Les infirmières, y compris la Noire à l’air distant, firent inconsciemment quelques pas vers nous. La Noire soupira et sourit. Je lui rendis son sourire. Je savais ce qu’elle pensait. Parfois, même après toutes ces années, il lui arrivait encore d’être surprise par son travail. Elle s’émerveillait encore devant la foi infinie et ridicule des gens. » (p. 44)