Watership down

Hum, des histoires de lapins sur près de cinq cent cinquante pages! Mon représentant m’ayant vanté la qualité de ce texte, je m’y suis attelée et là, une vraie surprise! Oui, on se laisse complètement happer par ces aventures d’une fraîcheur et d’une poésie telles que l’on se demande comment ce texte, paru dans les années soixante-dix, a pu être oublié. Bien entendu le style correspond à cette époque et peut déstabiliser les jeunes lecteurs d’aujourd’hui. Mais à la manière d’une épopée, ils vont suivre l’histoire de Hazel et de son frère Fyveer, dont la vie un brin routinière va être bouleversée suite à une sorte de prémonition de Fyveer. Le danger rôde, leur colonie est en péril. Leur chef refuse de prêter attention aux dires d’un lapin pas très courageux; on ne va tout de même pas déménager toute la garenne! Les deux frères, accompagnés de deux autres lapins, décident de quitter leur communauté et d’en trouver ou d’en fonder une autre.

Et là c’est l’Aventure, la vraie, il leur faut affronter des lieux qu’ils ne connaissent pas, une «grande eau» qui semble les porter, traverser des routes, apprendre à creuser, affronter les «vilous»… On dit les lapins peureux, et oui c’est vrai, mais peu à peu ils vont affronter leurs peurs, faire face à mille dangers et oser ce qu’aucun lapin n’aurait cru possible. Régulièrement, pour se donner du courage, ils se content les récits du merveilleux Shraavilshâ, véritable héros pour toutes les garennes. Cela ressemble presque à une sorte de religion, mêlant mythes et symboles que les adultes reconnaîtront, et donnant au texte l’apparence d’un conte philosophique. Mais pas de crainte, les jeunes aussi vont s’y retrouver tant on se laisse séduire par l’humour et l’émotion qui s’en dégagent. Courage, amitié et entraide sont les maîtres mots de cette épopée, reflet de notre société.

Librairie Sorcière Le Liseron

Les éditions Monsieur Toussaint Louverture, poursuivant leur remarquable travail de poisson-pilote du monde de l'édition, ont entrepris, avec l'énergie et la force de conviction qui les caractérisent, de faire re-découvrir la grande œuvre de Richard Adams, "Watership Down", dans la traduction de Pierre Clinquart entièrement revue et corrigée.

Ce monument de la littérature, vendu à près de 50 millions d'exemplaires et traduit en plus de 25 langues (excusez du peu...) est classé parmi les 25 livres les plus vendus au monde.
Et pourtant… Publié en France par les éditions Flammarion en 1976 sous le titre "Les garennes de Watership down", il n'a pas connu dans l'hexagone le succès qu'il méritait et n'était plus disponible depuis plusieurs années.

Alors... de quoi s'agit-il ? Rien de moins que "L'Enéide" avec des lapins selon l'écrivain S. F. Saïd ! Cette ample épopée relate le périple d'un groupe de lapins de garenne, emmené par le valeureux Hazel et son frère Fyveer doué de voyance et qui leur a prédit la destruction de leur habitat. Dans leur quête d'un nouveau foyer, ils affronteront mille dangers et se révéleront à eux-même. On pense à "L'Odyssée", on pense à "Bilbo le Hobbit"... On est frappé par la profondeur intemporelle de ce récit, nourri de classiques - chaque chapitre s'ouvre ainsi par une citation, de la tragédie grecque à Shakespeare...

A qui s'adresse ce livre ? L'auteur s'est toujours défendu d'avoir écrit un livre pour enfants, déclarant "c'est un livre, et quiconque veut le lire, peut le lire". Et en effet, s'il ravira les jeunes lecteurs (à partir de 11 ans), les adultes aussi seront emportés par ce récit mythique. Saluons à cette occasion le travail exceptionnel de l'équipe de cette petite maison d'édition qui publie peu mais sait dénicher les pépites et apporte un soin exquis à tous les aspects du livre : traduction, correction, paratexte, maquette, couverture, format... : toujours un sans faute !