Carmen, Étude d’une catégorie sonore romaine
EAN13
9782251914060
Éditeur
Les Belles Lettres
Date de publication
Collection
Études Anciennes
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Carmen

Étude d’une catégorie sonore romaine

Les Belles Lettres

Études Anciennes

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Comment le terme carmen a-t-il pu renvoyer à une catégorie sonore et évoluer
dans les langues romanes vers la notion de « charme » ? Comment expliquer
qu’un terme voisin, cantus, soit à l’origine de la notion de « chant » ? Où se
situe la rupture entre deux mots pourtant issus d’un même verbe : canere ?
Notre étude, qui se veut globale, se propose d’analyser la dimension non
seulement acoustique mais également pragmatique du terme carmen. Nous montrons
qu’il ne s’agit pas seulement d’une catégorie sonore : il renvoie à un acte
porteur de contraintes. Notre premier chapitre aborde les emplois de carmen
associé à trois types de sujets – oiseaux, instruments, cantores – et montre
l’existence de deux pôles : parallèlement à l’emploi du terme, renvoyant à des
chants ou à des musiques, sur le modèle grec du melos, nous analysons un sens
indigène qui renvoie à une sémiologie contraignante, celle des signaux des
trompes ou des auspices. Cette dimension pragmatique oriente la suite de notre
analyse : dans les chapitres deux et trois qui traitent les emplois du terme
dans le domaine du droit et de la religion, nous montrons que le mot carmen,
désignant d’abord des incantations, est réemployé de façon nouvelle au début
de l’Empire pour désigner toutes sortes d’actes où la parole, employée en
formule autonome, suscite des effets contraignants : prières, lois ou
serments. Dans un quatrième chapitre, nous analysons l’usage du mot carmen
dans le domaine de la communication des dieux avec les hommes : le terme
renvoie alors au contraintes irrémédiables du fatum. Les usages du mot, à
rapprocher du nom de Carmenta, s’appliquent alors à tous types d’énonciations
divinatoires comme les oracles ou les prédictions. Enfin, dans les deux
derniers chapitres, nous analysons l’introduction de carmen comme terme
d’autoréférence poétique : ce nouvel emploi, introduit par Catulle et Lucrèce
pour rendre compte sous forme de fictions textuelles du sens musical grec
d’odè associé à des vers, va être systématisé sous l’Empire. Le terme permet
alors de désigner l’ensemble des genres poétiques tout en les investissant de
sens pragmatiques indigènes : parole des poètes inspirés (vates), il est alors
associé à une force pragmatique mythifiée par les magiciens ou les prophètes,
dont la Sibylle, transportée sur le mont Palatin, constitue le modèle.
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