Le peintre des visages
EAN13
9782012018280
ISBN
978-2-01-201828-0
Éditeur
Black Moon
Date de publication
Collection
Hachette romans
Nombre de pages
432
Dimensions
21,5 x 13,5 cm
Poids
435 g
Langue
français
Langue d'origine
allemand
Code dewey
804
Fiches UNIMARC
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Le peintre des visages

De

Traduit par

Black Moon

Hachette romans

Indisponible

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couverture

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L'édition originale de ce roman a paru en langue allemande, sous le titre :

DER MÄDCHENMALER

Couverture : Frédérique Deviller / Photographie : © CristainBalgt – Getty Images

© cbj/cbt Verlag, München, 2005,

a division of Verlagsgruppe Random House GmbH,

München, Germany.

© Hachette Livre, 2009, pour la traduction française.

Traduit de l'allemand par Sabine Wyckaert-Fetick

ISBN : 978-2-01-204155-4

Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949
sur les publications destinées à la jeunesse

Je remercie :

... Inge Meyer-Dietrich pour les moustiques écossais, les oiseaux argentés et nos « expéditions » hivernales en Suisse, pour nos 1 738 465 discussions au téléphone, mais surtout pour avoir toujours répondu présent, même si tant de kilomètres nous séparaient,

... Hannelore Dierks pour ses recherches intensives à Dormagen et Langenfeld, le savon à la lavande, les nouilles chinoises et parce qu'il y a des années, elle a décidé de se rendre à une fête à laquelle elle n'avait aucune envie d'aller,

... Marliese Arold pour la promenade mémorable à Ludwigshafen, où nous nous sommes rencontrées lors d'une tournée de lecture puis avons croisé la route d'un cheval blanc,

... les peintres hommes et femmes, dont les tableaux accompagnent ma vie, pour les heures passées dans leurs ateliers,

... mon père pour nos longs débats sur l'art et la vie,

... ma mère pour mon enfance riche en histoires,

... mon mari et notre fils pour tout le reste.

Monika Feth

1.

En silence et sans phare, la Mercedes grise glissa le long du trottoir et s'arrêta. Il était un peu plus de huit heures. Un fin brouillard enroulait son voile autour des lampadaires. Les voitures garées étaient couvertes d'une fine couche de glace. Du givre s'accrochait aux toits et aux branches qu'on devinait à peine, les rendant méconnaissables.

Les fenêtres des maisons faisaient l'effet d'yeux jaunes. Des yeux au regard froid et désintéressé.

Un chien aboya. Le son d'une radio s'échappait d'un portail de garage resté entrouvert malgré le froid. Une porte claqua. On entendait au loin la sirène d'une ambulance, d'une voiture de police ou d'un camion de pompier. La fumée sortant des cheminées était plaquée au sol. Ce serait une journée couverte, pesante.

Personne ne remarqua la Mercedes grise. Personne ne s'aperçut qu'un homme y était assis, observant avec attention une des maisons derrière ses vitres teintées. Calme et sombre. Immobile, comme changé en pierre. Et puisque personne ne le remarqua, ce fut comme s'il n'était pas là.

*
* *

Ilka se sentait fraîche et dispose. Les jumeaux avaient dormi d'une traite malgré leur gros rhume, contrairement aux nuits précédentes où leurs quintes de toux l'avaient réveillée à plusieurs reprises. Après un rapide coup d'œil par la fenêtre, elle se décida pour le gros pull à col roulé.

C'était le dernier cadeau de sa mère, et elle savourait chaque jour où elle le portait. Parfois, il lui semblait encore sentir le sillage du parfum que sa mère mettait. Puis elle se disait que c'était impossible. Tante Marei avait peut-être raison d'affirmer qu'elle possédait une imagination débordante.

Le pull-over rouille était en parfaite harmonie avec ses cheveux roux foncé. Sa mère l'avait toujours appelée sa fille de l'automne. Ilka trouvait l'expression jolie. Et se trouvait elle-même jolie. De temps en temps. Mais la fille de l'automne n'était plus qu'un souvenir, désormais. Et Ilka ne laissait plus les souvenirs l'approcher depuis longtemps.

Avant d'éteindre, elle regarda attentivement autour d'elle. Tout était en ordre. Rien d'important ne traînait. Son journal intime était soigneusement caché. Elle dévala l'escalier. Assise devant les restes du petit déjeuner, tante Marei lisait le journal. Les jumeaux étaient partis à l'école. Tante Marei se montrait intraitable : deux jours de repos devaient suffire pour un refroidissement. Tant qu'on ne se baladait pas la tête sous le bras, il fallait remplir son devoir. Un point, c'est tout.

— Bon, j'y vais !

Ilka enfila sa veste en agneau retourné. Elle l'avait dénichée dans une friperie pour trois fois rien et elle l'adorait.

— Tu ne comptes pas petit-déjeuner ?

La voix de tante Marei prenait parfois un ton plaintif. Comme si tout ce qu'on faisait, ou ne faisait pas, était dirigé contre elle. C'était pourtant une femme à poigne. Ces accents larmoyants ne lui allaient pas du tout.

— Je suis en retard. J'emporte quelque chose.

Ilka inspecta la coupe à fruits, piocha deux bananes, les casa dans son sac à dos et embrassa tante Marei sur la joue.

— Fillette ! Ce que tu as minci !

Tante Marei avait passé les bras autour des hanches d'Ilka et la regardait, l'air préoccupé. Les questions se pressaient dans ses yeux.

— Je ne rentre pas tard, promit Ilka.

Tante Marei lui adressa un petit sourire. Ilka en eut un pincement au cœur. Pour un peu, c'est sa mère qu'elle voyait assise à table.

Arrête de voir des fantômes partout ! pensa-t-elle en enroulant son écharpe. Tu ferais mieux de garder les pieds sur terre.

Elle traversa le couloir en désordre et sentit à nouveau combien elle aimait cette maison. Elle n'avait rien de particulier, rien d'extraordinaire ; elle n'était ni moderne, ni suffisamment ancienne pour renfermer quantité d'histoires. C'était une maison comme tant d'autres dans le lotissement, mais Ilka s'y sentait la bienvenue. Ce qui en faisait quelque chose d'unique. Son chez-soi, toujours prêt à l'accueillir et à la protéger. N'était-ce pas ce qu'elle désirait ? Tranquillité, protection et sécurité. La maison lui offrait cette sécurité... Pour la première fois depuis longtemps.

Ilka tira la porte d'entrée derrière elle. Le froid vint envelopper son visage et elle inspira profondément. Un chien aboya quelque part et son cri résonna comme une promesse. La vie était belle. Elle était presque disposée à y croire.

*
* *

Les vitres étaient embuées. Tant mieux. Cela tiendrait les curieux à l'écart. Prudemment, Ruben essuya le pare-brise. C'est alors qu'il la vit. Le souffle coupé, il se pencha en avant.

Elle était magnifique. Même à cette distance, cela crevait les yeux. Son visage resplendissait sous l'éclairage du lampadaire. Elle avait négligemment remonté ses cheveux sous un bonnet en laine. Il préférait qu'elle les laisse tomber sur les épaules. Elle avait une chevelure superbe qui ne supportait pas d'être domptée.

Ruben ne comprenait pas pourquoi elle avait choisi cette vie. Une maison petite-bourgeoise, insignifiante, entourée d'autres maisons petites-bourgeoises. Enfilées comme autant de perles de verre sans valeur sur une ficelle, elles se succédaient le long de la rue, nichées dans des jardinets où la lumière froide de lampes solaires chromées éclairait des arbustes étayés. Pourquoi venir se perdre dans un quartier où des rideaux de tulle froncés pendaient aux fenêtres ? Où les poubelles s'alignaient soigneusement ? Où rien ni personne ne détonnait ? Pourquoi venir se perdre ici, au lieu de chercher ailleurs un foyer plus accueillant ?

Son portable sonna. Il regarda l'affichage. L'architecte. Il ne voulait pas être dérangé. Pas maintenant. Il l'éteignit. Le moindre bruit était source de dérangement quand il se trouvait dans cet état d'esprit, quand il pensait à hier, à aujourd'hui et à demain.

Ilka sortit son vélo du garage. Elle semblait petite et perdue dans la lueur grise qui rampait par-dessus les toits, s'enchevêtrait dans les branches nues. Lorsqu'elle passa près de lui sur sa bicyclette, il tourna la tête. Son cœur cognait à éclater.

Il ferma les yeux. S'apaisa peu à peu. Il ne la suivrait pas. Il ne le faisait jamais. Il avait perdu l'habitude de céder à ses sentiments. S'il restait froid et maître de soi, tout se passerait bien.

Il fixa un moment encore la maison dans laquelle elle habitait. Numéro dix-sept. Le nombre préféré d'Ilka. Le hasard, bien entendu. Mais elle y avait sans doute vu un signe du destin. Elle faisait volontiers confiance au destin, aux étoiles ou aux puissances supérieures.

Une ombre se déplaçait derrière la fenêtre de la cuisine. Ruben serra les dents. Ses mains se crispèrent autour du volant. Non. Il ne devait pas se laisser aller. Il était impor...
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